mardi 24 juin 2014

Football et fous de Dieu

Ca y est. Le vide présidentiel est devenu une réalité, et rien ne se passe, faisant mentir ceux qui déversaient des prédictions apocalyptiques dans les médias depuis des mois. La coupe du monde de football a commencé, les drapeaux brésiliens, allemands et uruguayens sont partout. Après quelques émeutes (et 5 jours après le début de la coupe), le gouvernement a décidé d'acheter les droits de retransmission de match, afin que tous puissent les regarder gratuitement. On ne parle plus que de ça. Qui a dit « Du Pain et des Jeux » ?

mercredi 11 juin 2014

Sukleen, les héros de l'ombre


On me l'a souvent répété, le Liban était autrefois l'un des plus beaux pays du monde par la richesse et la diversité de ses paysages et de sa flore. Cependant, ceux qui me racontaient leurs souvenirs d'un Liban où les maisons aux toits de tuiles rouges et aux murs de pierres blanches brillaient chaque jours dans l'océan de verdure qui les entouraient, avaient souvent la soixantaine passée. De guerre en guerre, l'architecture de régions entières a disparue au profit du béton, cet allié indéfectible de la modernité à bas prix. Et il y a pire: le pays est effroyablement pollué. Difficile de le dire autrement quand on a voyagé hors de Beyrouth, qui elle même renferme quelques oasis d'ordures ajoutant à son charme violent. Sur les bords des routes, des chemins et même au bords des rivières s'amoncellent des déchets en quantité parfois astronomique. La vallée de la Kadisha est épargnée, tout comme les montagnes druzes du Chouf et d'autres coins plus ou moins reculés, mais dans l'ensemble, le pays ressemble fréquemment à un camping de festival avant l'arrivée des nettoyeurs.

Beyrouth et ses taxis (octobre 2013, mai 2014)

Un taxi, un de plus. Moyen de transport le plus pratique de Beyrouth en l'absence de permis de conduire (puisque faire du vélo s'apparente à du suicide à cours terme), c'est aussi l'un des endroits où j'ai fais mes plus belles rencontres. Et certaines des plus étranges aussi.

Week end de Pâques et petites précisions sur le "Parti de Dieu" (avril 2014)

Un autre mois sans attentats majeurs. Les combats entre pro et anti- Assad à Tripoli, deuxième ville Libanaise derrière Beyrouth, ont pris fin après une ultime intervention de l'armée. L'élection présidentielle approche, et avec elle la crainte de nouveaux troubles, mais pour l'instant le pays est à peu près calme. Malgré les réfugiés, malgré la Syrie, Israël et les autres puissances régionales, le Liban tient debout. Il vacille et stagne piteusement, mais il est debout. 

jeudi 5 juin 2014

Accalmie et graffiti (mars 2014)

Le mois de mars passe a une vitesse effrayante. Très peu d'attentats, aucun dans Beyrouth. L'arrivée des beaux jours et une relative accalmie sécuritaire pousse les gens à sortir, les concerts et les événements culturels en plein air se multiplient. A l'entrée des centres commerciaux, les jeunes et les moins jeunes déposent machinalement leurs sacs et le contenu de leurs poches sur les tapis roulants situés a côté des portiques de sécurité, afin qu'ils soient scannés. La rapide palpation qui suit ne leur fait plus rien, et à moi non plus. Les checkpoints, les contrôles des services de renseignements lorsqu'on s'attarde plus de quelques secondes près d'un bâtiment sensible, les véhicules blindés qui s'installent ici ou là le temps de quelques semaines, tout ça est devenu normal. Ca ne plaît pas aux libanais, qui pour beaucoup ne supportent pas de devoir se plier à toutes ces contraintes et désespèrent de nous voir nous y accoutumer sans trop broncher.

Les réfugiés d'Al Kaa (février 2014)

Et si on commençait par autre chose que des dates d'attentats pour changer. Non pas que le mois de février en eut été exempt, mais réduire le rythme du Liban aux secousses des kilos d'explosifs me fatigue de plus en plus. Les semaines de chaos total, l'enfer sur terre tel qu'il était annoncé n'ont pas eu lieu, procès Hariri ou pas. Guerre civile syrienne ou pas. Un jeune décérébré s'est bien fait exploser dans un bus qui se dirigeait vers Dahye (banlieue sud de Beyrouth), mais les médias ont eu beaux montrer des gros plans de sa tête tranchée, rien n'y a fait. Sans autre choix, la vie continue.

"Résistance culturelle" (janvier 2014)



Vue de la place des Martyrs à partir de la terrasse de l'hôtel le Gray

Jeudi 2 janvier: en début d'après midi, trente à quarante kilos d'explosifs dissimulés dans les portières d'une voiture font six morts et plus de soixante blessés au cœur de Dahye, dans la banlieue sud de Beyrouth. L'attentat est revendiqué par l'Etat Islamique en Irak et au Levant, un groupe sunnite proche d'Al Qaïda dont on entend beaucoup parler depuis le début de l'insurrection en Syrie. Comme l'été dernier, comme en novembre, le Hezbollah est touché au beau milieu de ses quartiers, pourtant surveillés jours et nuits par des centaines de militants épaulés par l'armée et la police. Pour beaucoup de Libanais, l'année commence comme la précédente s'était terminée, dans le sang, les ruines et la fumée. 

Attentats et pères noëls (décembre 2013)

Mardi 10 décembre. Hassan Hawlo al-Lakiss, un cadre du Hezbollah, est assassiné près de chez lui dans la banlieue sud. Malgré des revendications d'obscures groupes sunnites, Israël est dans le collimateur puisque le modus operandi est d'une perfection morbide : deux balles dans le cœur, une dans la tête, au silencieux. Aucun suspect arrêté.

Beyrouth meurtrie (novembre 2013)

Le canal de Beyrouth, devant le quartier arménien de Bourj Hammoud

Deux véhicules, une voiture et une moto. Plusieurs dizaines de kilos d'explosifs ont tout ravagé sur des dizaines de mètres carrés. L'ambassade d'Iran était la cible, son conseiller culturel fait partie de la vingtaine de victimes. Près de 150 personnes ont été blessées. On ne pense pas souvent aux blessés, les morts vendent plus. Les films nous ont appris qu'un blessé ayant survécu à une explosion fait un saut au ralentis face caméra puis se relève en époussetant ses fringues, une ou deux jolies coupures lui barrant le front ou la joue. On ne se soucie pas de ceux qui seront aveugles pour le reste de leur vie. Brûlés au troisième degré sur tout le corps. Sourds. Déficients mentaux. Les images de télévision que l'on dévore ne montrent pas les vies détruites, les chocs post-traumatiques, la folie. La haine.