jeudi 8 janvier 2015

Nous sommes tous Charlie / Le savoir est une arme

Treize. Treize sans compter les blessés, les vies brisées, les traumatisés… Et les coupables courent toujours. D’autres ont apparu, et apparaîtront encore. Depuis hier, je suis haineux par intermittence, et lucide le reste du temps. Surtout parce que depuis Beyrouth, voir la France unie de cette manière, ça calme. C’est beau. Mais ce sont les jours et les semaines à venir qui, je crois, seront déterminantes. « Nous sommes tous Charlie Hebdo ». Tu m’étonnes. Plus que jamais. Et plus que jamais, le savoir est une arme. La compassion aussi. L’unité surtout, face à des événements d’une telle violence, qui pourraient aisément morceler bon nombre de pays. Et le nôtre l’est déjà tellement. Le gouvernement ne pourra pas régler la situation, qu’il le veuille ou non. Les médias, même ceux dont les intentions sont louables, cherchent déjà à gagner le marathon de l’image choc. Les derniers philosophes sont morts.


C’est à nous de prendre la situation en main. Nous tous, qu’on soit pote avec un dieu quelconque ou qu’on s’en sorte très bien sans lui. Qu’on soit en France depuis deux semaines ou douze générations.  Qu’on ait, comme moi, des montées de haines stériles ou pas.  S’il est bien triste d’attendre que ce genre de tragédies arrive chez nous pour que l’on réagisse, on n’a plus le droit de s’attarder sur ces considérations. Les médias, dans ces conditions, c’est nous. Nous tous. Tous ceux qui savent faire la distinction entre nos concitoyens musulmans et les coupables d’hier, d’aujourd’hui et de demain, sans tomber dans le cliché mielleux ou la bien-pensance qui ne mène à rien. Tous ceux qui sont au courant des diverses actions épouvantablement maladroites et destructrices de notre gouvernement à l’étranger, qui donnent naissance à ces courants de pensée sanguinaires même lorsqu’elles sont motivées par des objectifs nobles.  Tous ceux qui savent expliquer, vulgariser, étayer leurs arguments en face de parfaits inconnus souvent perclus de désinformation, dans un sens comme dans l’autre.

Parler du Front National dans ces conditions me fait mal, surtout parce que comme beaucoup j’aimerai que ce partit n’ai rien à faire dans le débat. Mais le fait est que les derniers gouvernements de tous bords n’ont fait qu’œuvrer à la montée des différents extrêmes avec leurs discours creux, leurs idéaux de façade et leurs gros sabots politiquement corrects. Et qu’il est aujourd’hui impossible de mettre de côté le risque de voir une France divisée à un point que nos générations n’ont jamais connu.  Oublions le gouvernement, c’est à nous de transmettre le savoir, de parler autour de nous, dans la rue, chez nous, en soirée, au travail, à l’université. D’écouter, d’argumenter, sans élever la voix ou accuser nos interlocuteurs d’être « fachos » ou « soumis ». En parler à ses amis, c’est simple. C’est avec des inconnus que ça se complique souvent. Et c’est normal. On passe notre temps à se plaindre de la piètre qualité de la politique française et de l’information en général, moi le premier. Il est temps de sauter à pied joint dans le plat, quitte à se brûler parfois. Si notre presse et ceux qui nous représentent sont impuissants, nous ne le sommes pas. Le savoir est une arme, et nous sommes armés. L’unité est une arme, et nous nous armons.

Nous sommes tous Charlie, et il faut que nous le restions, même quand ces journées épouvantables seront de mauvais souvenirs. C’est en discutant, en lisant, et débattant qu’on aura une chance d’inverser la balance, de choisir nous-même la direction qu’on souhaite suivre sans attendre de passer par les urnes. Il faut commencer aujourd’hui, et en faire une habitude, un besoin, un TOC. Avec mesure et en essayant, malgré les réflexes générés par la peur, de garder une chose à l’esprit.

Le savoir est une arme, et il est grand temps qu’on le partage, chacun à son niveau.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire