Treize. Treize
sans compter les blessés, les vies brisées, les traumatisés… Et les coupables
courent toujours. D’autres ont apparu, et apparaîtront encore. Depuis hier, je
suis haineux par intermittence, et lucide le reste du temps. Surtout parce que
depuis Beyrouth, voir la France unie de cette manière, ça calme. C’est beau. Mais
ce sont les jours et les semaines à venir qui, je crois, seront déterminantes. « Nous
sommes tous Charlie Hebdo ». Tu m’étonnes. Plus que jamais. Et plus que
jamais, le savoir est une arme. La compassion aussi. L’unité surtout, face à
des événements d’une telle violence, qui pourraient aisément morceler bon
nombre de pays. Et le nôtre l’est déjà tellement. Le gouvernement ne pourra pas
régler la situation, qu’il le veuille ou non. Les médias, même ceux dont les
intentions sont louables, cherchent déjà à gagner le marathon de l’image choc.
Les derniers philosophes sont morts.
C’est à
nous de prendre la situation en main. Nous tous, qu’on soit pote avec un dieu
quelconque ou qu’on s’en sorte très bien sans lui. Qu’on soit en France depuis
deux semaines ou douze générations. Qu’on
ait, comme moi, des montées de haines stériles ou pas. S’il est bien triste d’attendre que ce genre
de tragédies arrive chez nous pour que l’on réagisse, on n’a plus le droit de s’attarder
sur ces considérations. Les médias, dans ces conditions, c’est nous. Nous tous.
Tous ceux qui savent faire la distinction entre nos concitoyens musulmans et
les coupables d’hier, d’aujourd’hui et de demain, sans tomber dans le cliché mielleux
ou la bien-pensance qui ne mène à rien. Tous ceux qui sont au courant des
diverses actions épouvantablement maladroites et destructrices de notre
gouvernement à l’étranger, qui donnent naissance à ces courants de pensée sanguinaires
même lorsqu’elles sont motivées par des objectifs nobles. Tous ceux qui savent expliquer, vulgariser,
étayer leurs arguments en face de parfaits inconnus souvent perclus de
désinformation, dans un sens comme dans l’autre.
Parler du
Front National dans ces conditions me fait mal, surtout parce que comme
beaucoup j’aimerai que ce partit n’ai rien à faire dans le débat. Mais le fait
est que les derniers gouvernements de tous bords n’ont fait qu’œuvrer à la
montée des différents extrêmes avec leurs discours creux, leurs idéaux de
façade et leurs gros sabots politiquement corrects. Et qu’il est aujourd’hui
impossible de mettre de côté le risque de voir une France divisée à un point
que nos générations n’ont jamais connu.
Oublions le gouvernement, c’est à nous de transmettre le savoir, de
parler autour de nous, dans la rue, chez nous, en soirée, au travail, à l’université.
D’écouter, d’argumenter, sans élever la voix ou accuser nos interlocuteurs d’être
« fachos » ou « soumis ». En parler à ses amis, c’est
simple. C’est avec des inconnus que ça se complique souvent. Et c’est normal.
On passe notre temps à se plaindre de la piètre qualité de la politique
française et de l’information en général, moi le premier. Il est temps de
sauter à pied joint dans le plat, quitte à se brûler parfois. Si notre presse
et ceux qui nous représentent sont impuissants, nous ne le sommes pas. Le
savoir est une arme, et nous sommes armés. L’unité est une arme, et nous nous
armons.
Nous sommes
tous Charlie, et il faut que nous le restions, même quand ces journées
épouvantables seront de mauvais souvenirs. C’est en discutant, en lisant, et
débattant qu’on aura une chance d’inverser la balance, de choisir nous-même la
direction qu’on souhaite suivre sans attendre de passer par les urnes. Il faut
commencer aujourd’hui, et en faire une habitude, un besoin, un TOC. Avec mesure
et en essayant, malgré les réflexes générés par la peur, de garder une chose à
l’esprit.
Le savoir
est une arme, et il est grand temps qu’on le partage, chacun à son niveau.
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