Un autre mois sans attentats majeurs.
Les combats entre pro et anti- Assad à Tripoli, deuxième ville
Libanaise derrière Beyrouth, ont pris fin après une ultime
intervention de l'armée. L'élection présidentielle approche, et
avec elle la crainte de nouveaux troubles, mais pour l'instant le
pays est à peu près calme. Malgré les réfugiés, malgré la
Syrie, Israël et les autres puissances régionales, le Liban tient
debout. Il vacille et stagne piteusement, mais il est debout.
Un nouveau président et un gouvernement d'action sont, à priori, la seule échappatoire qui reste au pays pour ne pas sombrer dans le chaos à court terme. En permettant enfin l'extraction du pétrole et du gaz qui gisent au large des côtes du pays, par exemple. Les médias continuent de rendre compte d'une activité politique souvent risible, obsédée par les mêmes chimères et les mêmes démons. Gloire au Hezbollah, mort au Hezbollah, vive Michel Aoun ou vive Samir Geagea... Le chef des druzes Walid Joumblatt est avec le 8 mars ? Perdu, depuis ce matin il est passé dans le camp du 14 mars, comme le mois dernier. Migraines dantesques à prévoir pour qui tente de s'intéresser sérieusement au sujet : en bon pays pétris de paradoxe qu'il est, le Liban reste infiniment complexe même dans son immobilité et dans les discours creux des politiciens ressassés à en perdre leur plume. Pas étonnant donc que les jeunes libanais se désintéressent autant de la politique de leur pays, et préfère émigrer ou s'en détacher pour de bon.
Un nouveau président et un gouvernement d'action sont, à priori, la seule échappatoire qui reste au pays pour ne pas sombrer dans le chaos à court terme. En permettant enfin l'extraction du pétrole et du gaz qui gisent au large des côtes du pays, par exemple. Les médias continuent de rendre compte d'une activité politique souvent risible, obsédée par les mêmes chimères et les mêmes démons. Gloire au Hezbollah, mort au Hezbollah, vive Michel Aoun ou vive Samir Geagea... Le chef des druzes Walid Joumblatt est avec le 8 mars ? Perdu, depuis ce matin il est passé dans le camp du 14 mars, comme le mois dernier. Migraines dantesques à prévoir pour qui tente de s'intéresser sérieusement au sujet : en bon pays pétris de paradoxe qu'il est, le Liban reste infiniment complexe même dans son immobilité et dans les discours creux des politiciens ressassés à en perdre leur plume. Pas étonnant donc que les jeunes libanais se désintéressent autant de la politique de leur pays, et préfère émigrer ou s'en détacher pour de bon.
Quelques lois importantes sont passé
grâce au gouvernement provisoire. L'une d'entre elles devait enfin
garantir des droits et des moyens de défense aux femmes battues par
leurs maris... Mais un amendement de dernière minute l'a privé de
son sens. Une autre a permit aux loyers qui étaient restés bloqués
depuis des décennies de pouvoir à nouveaux être augmentés,
provoquant la terreur de certains (« mais comment vont faire
les pauvres gens ? Il va y avoir des émeutes, ils ne
l'appliqueront jamais cette loi ») et l'indifférence des
autres (« bof, de toutes façons ici presque tout le monde est
propriétaire, ça ne va pas changer grand chose dans les faits »),
comme toujours. Les étals des magasins se remplissent de drapeaux
qui inonderont bientôt les balcons et les voitures, coupe du monde
approchante oblige. « Approchante » voulant ici dire
« dans 4 mois », puisque Pâques et ses trillions de
chocolats sont passés et qu'il faut bien refourguer des bêtises aux
gens d'ici Halloween...
Le tableau ci-dessus semble triste,
pourtant ma vie ici ne l'est pas. Avec peu, on peut faire un paquet
de chose dans le coin. Il a suffit d'un petit week end pascal pour
que je m'en rendre véritablement compte. Un vendredi passé à
marcher entre potes dans la vallée de la Kadisha, au nord de
Beyrouth, loin des manoirs hideux et des hôtels de 20 étages qui
polluent une bonne part du Liban provincial. Soleil de plomb, paysage
de montagnes escarpées et de maisons centenaires baignés dans les
effluves d'herbes et de fleurs qui rappellent de très loin le sud de
la France. Rencontre avec Dario Escobar, ermite colombien qui prie
pour l'humanité jour après jour dans sa petite grotte enrichie de
murs en pierres blanches au milieu de la vallée. Vingt trois ans ans
qu'il est au Liban, dont 12 ans à passer son temps entre la chapelle
et le potager et à dormir à même le sol. Il n'est pas retourné
dans son pays depuis un incident survenu dans un aéroport aux Etats
Unis, lors d'une escale. S'appeler Escobar, être colombien et
originaire du même village que le parrain du trafic de drogues de
l'époque et venir du Liban, ça crée des frictions. Et il ne peut
pas respecter son vœux de solitude et de silence puisque les gens
des environs viennent souvent lui rendre visite pour lui demander
conseil... Mais il s'en accommode bien, et manie aussi bien l'arabe
que l'anglais et le français, même si c'est en espagnol qu'il
semble prendre le plus de plaisir à communiquer. Petit pause mentale
et physique, à scruter la vallée sans pouvoir déceler de déchet
ou de béton. Pas de bruit. Pas de route. Des pins, des sentiers
escarpés, des oiseaux. Dans un pays où plus d'un tiers de la
population chasse et où l'on trouve des fusils à pompes pour 350$
un peu partout, c'est rare les oiseaux. La chasse est interdite bien
sûr, tout comme le port de la ceinture est obligatoire, les feux de
circulation présents, le graffiti proscrit... Mais toutes ces lois
semblent être de grosses blagues, ce qui ajoute au sentiment de
liberté incroyable et relatif à la fois qu'on éprouve après
quelques semaines passées au Liban.
Un monastère dans la vallée de la Kadisha |
L'ambiance y est en tout cas très
étrange le soir. Des jeunes en quad font le tour de la place
principale à toute vitesse, d'autres restent assis à 5 dans leur
voiture et se goinfrent continuellement. Pas un véritable bar en
vue, le seul tripot ouvert passe en boucle des scènes ultra
violentes de films bibliques pour la quinzaine de clients qui
carburent aux sodas et aux narguilés. On fait un peu tâche avec nos
jeux à boire et nos gueules d'étrangers... Pas facile (ou pas
malin) de faire la fête un vendredi saint en terre chrétienne.
Le
lendemain, après avoir marché encore un peu sous le cagnard en
s'enivrant du paysage, il est temps de se séparer en deux groupes.
La voiture dans laquelle je monte doit passer le col de la montagne
pour nous emmener dans les plaines de la Bekaa, à l'est. Arrivé au
sommet, le temps s'arrête. Des rochers, de la neige, un vent glacial
et puissant. A droite, la Kadisha, à gauche, la Bekaa. Vallée sèche
mais verte contre plaines céréalières monotones qui se terminent
aux pieds des montagnes formant la frontière naturelle avec la
Syrie, à l'horizon. On sort de la voiture pour prendre quelques
photos en sautant comme des cabris , avant de marquer d'une paire de
tags un vieux bloc de béton au sommet du monde. De notre monde, du
moins. Dans la voiture, la sono crache les paroles de « Square
Dance » d'Eminem : « Oh yeah, don't think I won't go
there, go to Beirut and do a show there ». Irréel, absurde et
inoubliable, même si in fine mr Mathers n'a jamais mit les pieds au
Liban.
La descente dans les plaines de la
Bekaa donne l'impression d'arriver sur une autre planète : des
champs à perte de vue, peu ou pas d'arbres, les camps de réfugiés
en tôles et en toiles qui bordent la route et les villages. Les
couleurs sont passée des différents tons de verts clairs et de
blanc inondés de soleil aux marrons grisâtres des pâturages et des
cultures diverses, qui se confondent alors que le ciel se couvre. Les
maisons sont en béton brut, presque sans exception. Beaucoup ne sont
pas terminées et des tiges de métal rouillées hérissent nombre
d'entre elles, comme en Grèce. Les villages se succèdent, mornes et
sales, sans laisser voir la moindre trace du passé. Sur notre
trajet, pas de traces des habitations en terre séchée que l'on
trouve en remontant vers El Kaa. Nous finissons par arriver à
Baalbek, grande ville majoritairement chiite de l'est du pays que
nous ne prenons pas le temps de visiter puisque le but de notre venue
est de parcourir les célèbres ruines qui s'y trouvent. Tandis que
nous nous dirigeons vers l'entrée du site, nous croisons la route
d'un gamin en larme, assis sur le trottoir. Il tient dans une main le
type de broutilles sans valeur que les enfants syriens vendent aux
carrefours à Beyrouth. Il a peut être 8 ans. Les notions d'arabes
de mes amis et mes grimaces ne suffisent pas à lui rendre le
sourire, ne serait-ce que pour un instant. Il explique en sanglotant
que ses parents refusent de le laisser rentrer chez lui tant qu'il
n'aura pas récolté au moins 10 000 livres libanaises (5 euros)...
Je suis accroupis devant lui et je lui tapote le dos sans succès,
lorsqu'une silhouette énorme s'avance derrière moi, et je tourne la
tête juste au moment ou un touriste gras et et sans expression se
penche et approche un appareil photo à 40 centimètres du visage de
l'enfant. Clic. Puis il continue son chemin sans un mot. La cohorte
de cons qui le suivent regardent le gosse avec des moues amusées,
comme s'ils posaient les yeux sur un chaton des rues. Le petit ne
réagit pas, mes amis et moi somment comme paralysés. Plusieurs
secondes se passent sans que l'on ne dise mot, incapables de
concevoir la scène qui vient l'avoir lieux sous nos yeux. Nous
finissons par laisser le gamin en lui souhaitant bon courage, le cœur
broyé, une fois que le gros des larmes est passé. C'est alors que
la foire à touriste commence, sans les touristes puisqu'il n'en
reste presque plus. Un dromadaire est enchaîné à une grille, on
peut payer pour le monter quelques instants. Peu importe qu'il n'y
jamais eu de camélidés dans la région, ce qui compte c'est que les
touristes y croient grâce à une équation simple : pays arabe
= sable, bédouins et chameaux. Les vendeurs ambulants nous agrippent
avec force pour nous refourguer des t-shirt jaunes et verts du
Hezbollah (je ris), des chech miteux (j'en prend deux), et des pièces
de monnaies supposément vieilles de plusieurs siècles (je ris à
nouveau), mais nous parvenons rapidement jusqu'à l'entrée.
Les deux heures qui suivent passent
lentement, silencieusement. Ces hectares de pierres millénaires, de
colonnades imposantes et de statues défigurées, où nous sommes
absolument seuls et où nous pouvons grimper à notre guise imposent
une sorte de respect muet. Les textes explicatifs n'apprennent pas
grand chose sur les lieux, et sont truffés d'approximations et de
« probablement », d'« à priori » ou de
« selon la théorie généralement acceptée ». Mais
comme souvent, le seul fait de savoir que le vestige de temple sur
lequel on se tient a été bâti aux alentours de trois siècles
avant Jésus Christ suffit à provoquer chez moi un émerveillement
de gosse, une admiration sans borne pour les architectes, ouvriers,
tailleurs de pierres et maçons qui ont consacré leur vie à
réaliser ces merveilles. Commencer à construire un palais en
sachant qu'il ne sera terminé que par ses arrières petits fils...
L'idée a de quoi fasciner. Juché en haut d'une tour en ruine, assis
en short sur l'Histoire, je scrute le haut de la colline adjacente,
où des miradors et des barbelés protègent ce qui ressemble à une
base de l'armée. Les murs en béton armé paraissent chétifs et
vains devant les tonnes de rocs blancs qui forment l'enceinte des
ruines.
Le soleil se couche derrière d'épais
nuages noirs, et nous finissons par reprendre la route de Beyrouth,
où nous attend un concert de reggae endiablé. Situé dans un genre
de zoo qui se targue de renvoyer en Afrique et en Asie les animaux
exposés (qui ont pour la plupart été apportés au Liban
illégalement par des particuliers), l'événement ne coûte pas
grand chose, et les quelques dizaines de personnes présentes font
honneurs aux musiciens et DJ venus les faire danser. L'idée de
visiter le zoo -situé derrière la scène- se révèle
particulièrement déprimante, malgré les « têtes
d'affiches » qui nous avaient attiré à la base. En plus des
singes neurasthéniques et des paons déplumés, on trouve un
canasson, de taille moyenne, planté au milieu d'un enclos minuscule.
Le panneau qui contient son descriptif dit simplement « cheval ».
Les lions, eux, sont recroquevillés dans leurs cages respectives et
ne réagissent pas aux cris de joie et aux flash des appareil des
visiteurs ivres. Le tigre, lui aussi, gît pitoyablement dans un coin
de sa cellule d'une douzaine de mètres carrés, le regard dans le
vide. Après un silence angoissant, nous faisons demi tour et
retournons danser après nous être changé les idées sur des
trampolines sans doute placés là stratégiquement. Tout misérables
qu'ils sont, ces animaux ont en fait de la chance de se trouver là.
Le propriétaire du zoo les récupère souvent en piteux état, et
fait de son mieux pour les remettre sur pied avant de les renvoyer
dans des réserves plus proches de leur habitat naturel.
La journée de dimanche ne mérite pas
de longues description, puisque nous la passons à guérir nos tempes
douloureuses en gardant une immobilité quasi-complète sur une plage
non loin de Byblos, magnifique vieille ville chrétienne située
entre Beyrouth et Tripoli.
Et le lundi, direction Sour. Sour,
ville du sud Liban où les forces de la FINUL (des genres de casques
bleus), les chiites et les chrétiens vivent en bons voisins, où les
plages sont aussi immenses que vides et où l'on trouve autant de
barbus enturbannés que de touristes saouls. Sur la route qui y mène,
on passe plusieurs checkpoint, avant d'entrer de plein pied dans les
terres du Hezbollah. Les militaires libanais sont toujours présents,
mais les milliers de drapeaux jaunes et vert frappés d'une
kalashnikov (symbole de la résistance) que l'on voit sur les bas
côtés, sous les ponts et aux fenêtres de beaucoup d'immeubles sont
un signe clair que l'on pénètre en territoire « autonome ».
Et peut être est il temps de faire une brève pause pour clarifier
quelques points à ce sujet.
Contrairement à une croyance partagée
par beaucoup d'occidentaux, le Hezbollah n'est en aucun cas
comparable à Al Quaeda ou Boko Haram, même si les médias (ou
« Homeland ») tendent parfois à faire croire le
contraire. Créé grâce à des fonds iraniens en 1982, en pleine
guerre du Liban, le Hezb' s'est à la base donné pour mission la
destruction de « l'ennemi israélien » qui occupait alors
la moitié du pays, et l'expulsion des contingents français et
américains du sol libanais. Le but ultime est à l'époque de
transformer le pays du cèdre en république islamique à
l'iranienne, en suivant les préceptes de l'ayatollah Khomeyni. La
méthode utilisée à l'époque se basait en majorité sur les
enlèvements d'occidentaux et les attentats à la bombe ou au camion
piégé, comme en 1983 contre les marines américains (271 morts) et
les paras français (58 morts). Depuis, le Hezb' a continué de
combattre, contre ses frères chiites du mouvement Amal par moments
(1987-1988), et plus souvent contre les phalangistes chrétiens et
les forces d'occupation syriennes et israéliennes. La guerre du
Liban prend fin en 1990 avec les accords de Taef, qui achèvent de
retirer tout poids politique et militaire aux chrétiens. Israël
quitte le sud du pays en 2000 (mais conserve jusqu'à aujourd'hui le
petit territoire libanais des fermes de Chebba, où les accrochages
sont réguliers), puis c'est au tour de la Syrie de se retirer suite
aux soupçons dont elle fait l'objet après l'assassinat du premier
ministres libanais Rafik Hariri en 2005. Mais entre temps, toujours
financé et armé par l'Iran, le Hezb' a diversifié ses activités,
son rôle social grandissant décennie après décennie. Ecoles,
hôpitaux, cliniques, universités, entreprises de construction,
réseau secret de communication... Il se lance même en politique, et
s'allie avec le Courant Patriotique Libre du chrétien Michel Aoun,
formant le « Camp du 8 mars » en 2005. Dans ce cadre, la
nouvelle charte du Hezb' dévoilée en 2009 abandonne l'idée d'une
république islamique et prône entre autre l'amélioration du rôle
de la femme dans la société libanaise, l'indépendance de la
justice et la préservation du multiculturalisme. En 2006, la guerre
contre Israël se solde par une victoire du Hezbollah, qui conserve
son stock de missiles et de roquettes malgré les bombardements
intensifs qui mettent le Liban à genoux. Et dès le conflit terminé,
le « parti de Dieu » s'attelle à la reconstruction et à
l'aide aux populations déplacées avec une efficacité et une
rapidité que lui envie le gouvernement libanais, paralysé et mal
organisé. C'est cet aspect social, en plus de la victoire contre
Israël, qui contribue le plus à la popularité du Hezb' chez les
chiites libanais et une part importante des chrétiens. La différence
majeure avec Al Quaeda est là : bien qu'ayant eu recours aux
attentats suicides dans le passé, et en dépit de ses méthodes
violentes (assassinat, enlèvements) et des ses financements illégaux
(trafic de drogues et d'armes, racket), il serait réducteur de
mettre le Hezbollah dans la même catégorie que Boko Haram, le
Djihad Islamique ou Al Quaeda, puisque la branche militaire de
l'organisation ne représente qu'une de ses facettes. Aujourd'hui, le
Hezb' contrôle toujours la majeure partie du sud du Liban et une
majorité des plaines de la Bekaa, et refuse de rendre les armes tant
que l'armée libanaise ne sera pas assez puissante à ses yeux pour
résister à une éventuelle attaque israélienne.Avec les années, l'organisation a diversifié ses revenus, devenant tentaculaire et omniprésente à tous les niveaux de l'état libanais. Qu'on soit bien d'accord sur un point: je ne fais pas ici l'apologie du Hezb', l'idée est simplement de clarifier certaines zones d'ombres pour mettre en évidence les différences majeures entre ce parti/milice et d'autre organisation classée "terroristes".
C'est donc bien en territoire du
Hezbollah que l'on débarque, en ce lundi brûlant d'avril, serrés
dans deux voitures et souriant comme des gamins. Aucun danger
d'enlèvement en l'occurrence, puisque le Hezb' est toujours en train
de s'acheter (ou plutôt de se racheter) une conduite politique qu'il
n'entend pas compromettre. Et que les timbrés de Jabhat al Nosra et
consorts lui donnent déjà suffisamment de fil à retordre. On passe
Saïda, ville sunnite de la côte sud, et la végétation autour de
la route se fait plus luxuriante, presque tropicale. Depuis mon
arrivée dans ce pays je n'avais pas vu de couleurs aussi vives,
aussi exagérément naturelles. Palmiers, champs débordants de
fruits et de feuilles immenses dont le vert va de l'émeraude au
fluo. Et à droite, tout au long du chemin, la mer à perte de vue.
Arrivée à Sour, visite du souk où nous croisons un groupe de
soldates ghanéennes (membres de la FINUL) en uniforme qui font leur
marché en plaisantant joyeusement. Quelques mètres plus loin, des
enfants fuient et rasent les murs à notre passage, terrifiés par
Schtroumpf, le petit chien pourtant inoffensif de nos amis libanais
Raoul et Youmnah. Lorsqu'Anna (la moitié de votre serviteur)
effleure par mégarde les cheveux de l'un d'eux, sa mère s'interpose
et frotte vigoureusement la zone de contact, comme pour en laver une
potentielle odeur de canidé... L'explication de ces comportements
est fort simple : en Islam, le chien est généralement
considéré comme l'animal le plus sale et le moins digne de respect
qui soit, et ceux qui le touchent se voient souillés. D'où la
hausse du nombre de clébard dans beaucoup de quartiers chrétiens...
La balade dans les rues continue, et nous finissons à la plage. Un
kilomètre de sable fin, peut être 100 personnes en tout se
prélassant au soleil, les femmes voilées prennent des "selfies" à la chaîne tandis que des malabars tatoués vendent des bières à tour de bras.
Tant de paradoxes pour une si petite ville une fois de plus. Un vent
de jeunisme souffle et bientôt notre petit groupe se lance dans
l'édification d'un vaste château de sable avec ses murs, ses tours,
ses tunnels et ses ponts. Les heures passent, et nous devenons
rapidement une petite attraction pour les passants, qui mitraillent
notre œuvre de photos alors que nous la couvrons de peintures vives.
Dialogues surréalistes avec des hommes et des femmes différents à
l'extrême et pourtant curieux et affables. Baignades revigorantes
dans une eaux tiède que parcourent des vagues parfois
impressionnantes. Puis, alors que le soleil se cache à l'horizon,
retour à Beyrouth, épuisés, rincés mais reconnaissant d'avoir
tant de chance.
En quatre jours, j'ai eu l'impression d'avoir parcouru un continent, peut être deux, et pourtant je n'ai pas bougé de cette bande de terre dont la superficie est égale à celle de la Gironde. Des montagnes aux plaines céréalières, des plages de galets aux étendues de végétations luxuriantes. Ce pays semble parfois défier les lois de l'espace et du temps.
En quatre jours, j'ai eu l'impression d'avoir parcouru un continent, peut être deux, et pourtant je n'ai pas bougé de cette bande de terre dont la superficie est égale à celle de la Gironde. Des montagnes aux plaines céréalières, des plages de galets aux étendues de végétations luxuriantes. Ce pays semble parfois défier les lois de l'espace et du temps.
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